Atelier Le passage des rêves

LE PASSAGE DES RÊVES

L'atelier Le passage des rêves, sis entre le 10 et le 12 rue Principale à Senantes est un projet de plus de 20 ans. Dans une dépendance écroulée j'ai tout de suite vu l'emplacement de mon futur atelier. Autrefois, ce long passage,  éloigné de la maison principale servait de stand de tir aux jeunes du village. Aujourd'hui de façon plus pacifique, c'est devenu un lieu d'art et de culture dédié aux matériaux anciens du pays de Bray, tuiles, ardoises, briques retravaillés sous forme d'oeuvres d'art. J'ai essayé de garder l'esprit des lieux rustiques, murs en pierre, plancher en bois et essayé quand c'était possible d'utiliser des matériaux de récupération. Une belle verrière laisse rentrer une incroyable lumière.

L'atelier est ouvert quatre fois par an pour des journées portes ouvertes durant tout le week-end et sur rendez-vous. Une des portes ouvertes sera spécifiquement dédiée aux nouveautés de l'année, une autre à un thème particulier. L'atelier accueille des groupes sur rendez-vous : atelier d'écriture, atelier photo, randonneurs, déficients visuels.

ACTUALITES 2025 :

- Portes ouvertes les 26 et 27 avril 2025. J'accueille pour la première fois une artiste extérieure,  Catherine MARZACK, qui travaille les techniques mixtes dessin et aquarelle et réalise de superbes tissages. Une symphonie de couleurs en perspective qui rentrera en résonnance avec mon travail sur les portraits très colorés. 

- Le Passage des Rêves est de sortie à la bourse aux plantes de BUICOURT (60), près de Gerberoy, l'un des plus beaux villages de France le dimanche 18 mai de 9H00 à 13H00.

- Visite de groupe, le club des fleurs des champs d'Estrées saint Denis,  le 10 juin 2025 de l'atelier et du jardin couplée à la visite de Gerberoy.

- Le Passage des Rêves accueille un regroupement de clubs de yoga beauvaisiens encadrés par Stéphanie Thouvenin, le mercredi 3 juillet à partir de 18H00.

- Portes ouvertes les 7 et 8 septembre 2025. Je présenterais des séries sur la thématique "Tendances actuelles". J'accueille Philippe LACHANT qui va enchanter le jardin avec ses culptures colorées.

 

 

 

Vue de l'entrée côté rue Principale

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Vue du jardin de curé : Les planches

 

La photo du mois (juin) :

Sureau en fleur

 

 

 

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Vues intérieures de l'atelier

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LU DANS LA PRESSE

Le passage des Rêves a reçu la visite d'un journaliste de la commune de Senantes lors des portes ouvertes les 26 et 27 avril 2025.

Ci-joint l'article paru dans l'Echos senantais N° 26 de juin 2025. Bonne lecture...

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LE PASSAGE DES RÊVES AUTREMENT : VERSION NUIT

La Nuit des musées 2025, le 17 mai,  permet de déambuler dans les musées autrement , dans une autre ambiance, bref de vivre une expérience artistique. C'est pour moi l’occasion de vous faire découvrir à mon tour Le passage des rêves autrement que vous le connaissez.  De nuit... Plongée dans la pénombre à l'heure de l'heure bleue.

L’enfermement volontaire dans un musée pour une nuit est très en vogue. Nombre d’écrivains se sont vus proposé ce challenge. Les éditions Stock en ont fait une collection « Ma nuit au musée » dont le dernier opus La nuit sur commande, est celui de Christine Angot à la Bourse du commerce. Cet exercice de solitude n’est jamais facile, car c’est aussi un exercice d’introspection, d’affrontement avec l’obscurité et le monde des ténèbres. On est enfermé pour une nuit mais pas forcément pour passer une bonne nuit, ni pour dormir. Les cauchemars d’enfance ne sont jamais loin. La colocation éphémère avec des génies de la peinture va-t-elle bien se passer ? Rien n’est moins sûr. Dans ce genre d’expérience d’ailleurs, on est sûr de rien. Pour ma part, j’ai lu dans cette collection dernièrement Bleu Bacon de Yannick Haenel « Est-t-il possible de ressentir physiquement la peinture, de la vivre comme une ivresse passionnée ? A peine entré dans l’exposition que le Centre Pompidou consacre à Francis Bacon », Yannick Haenel, sous le choc, ne voit plus rien : une migraine ophtalmique l’oblige à s’allonger sur un lit de camp. A son réveil, ses yeux sont neufs… »

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C’est ce livre qui m’a donné envie de tenter à mon tour l’expérience extrême, d’autant plus extrême que je serais confronté à mes propres œuvres, à une partie de moi- même. Conçus à la lumière, est-ce que se seront les mêmes dans l’obscurité ? Evidemment non et c’est ce changement qui peut faire peur, donner le tournis, donner peut-être envie de fuir. Le lieu aussi sera différent, les repères vont changer. En franchissant la porte de l’atelier à 21H30, je m’avance un peu comme en terre inconnue. Premier constat, le clair-obscur modifie les volumes et le rapport entre chaque œuvre, positionné avec logique. Tout devient illogique. Tout paraît plus grand, plus instable, plus flou. A défaut d’y avoir dormi une nuit entière, je me suis introduit à la nuit tombée, cette heure qu’on désigne entre chien et loup pour voir l’obscurité, envahir petit à petit le lieu, littéralement le remplir car il ne faut plus raisonner par rapport aux tableaux accrochés aux murs mais en volume. Je me suis allongé sur les madriers de bois qui constituent le plancher. J’étais bercé par cette douce chaleur d’un lieu protégé par une grande verrière. J’ai senti au bout d’un moment l’humidité arriver par le dessous. J’ai senti aussi le silence s’installer. Un silence finalement pas si silencieux. Les sens s’aiguisent. Un atelier vit la nuit. Il s’autonomise par rapport à l’artiste qui l’occupe le jour. J’ai entendu le craquement des charpentes, les petits pas de la bergeronnette qui a élue domicile sur le mur pignon. Les bruits sont décuplés. Le passage d’une voiture dans la rue bordant l’atelier évoque un tremblement de terre. La nuit les bruits sont décuplés, les sens également.
 

J’ai beau connaître les œuvres pour les avoir créées, j’ai l’impression que la nuit les déforme, accentue ou fait ressortir ce que j’ai voulu masquer. Totem devient menaçant, les yeux en verre des grenouilles de Grenouilles sur une feuille de nénuphar brillent de mille feux. Petit aparté qui me vient d’une lecture en cours, Le syndrome de l’Orangerie de Grégoire Bouillier aux éditions Flammarion, Monet qui a peint près de 400 fois les nénuphars de Giverny n’a jamais peint de grenouilles. Pourquoi ? Petite déception, le zinc même poli reste terne. Pêcheur d’Islande reste dans ses brumes nocturnes. Normal, le zinc réagit à la lumière, or il n’y a pas de lumière.  Au-dessus de moi, sur l’étagère est alignée la sarabande de petites sculptures de femmes en métal. On dirait qu’elles sont prêtes à entamer une danse endiablée une fois l’intru parti. Et l’intru c’est moi. Cette impression de voile que j’ai créée pour ma série Les Invisibles recouvre désormais toutes les œuvres.

Mais ce qui interpelle le regard et l’attention de façon quasi hypnotique, c’est la verrière, l’immense verrière, trouée bleutée, surplombant un puits d’obscurité. L’heure bleue se prolonge de façon artificielle jusqu’à ce que la nuit l’emporte. Le ciel est tout aussi vivant que l’atelier. Le ciel bouge, les nuages passent, les premières étoiles apparaissent. Soudain un immense projecteur se braque sur moi, la Lune. Je n’ai rien à dire, je suis tout en ressenti. Le monde paraît inversé. L’heure est aux hallucinations visuelles et auditives aussi, entre somnolence et Conscience, tiens le titre d’un de mes petits formats. Les murs et le plancher vibrent. L’un parle du temps jadis où ce lieu fut une grange pour le stockage de foin. En tendant l’oreille on pourrait entendre les ébats de deux adolescents cachés par les ballots de foin. Du sous-sol remonte le bruit de la mise en tonneau du cidre du temps où il y avait une cave voutée. On se retrouve ensuite au milieu du sifflement des tirs de carabine à plomb du temps où ce lieu servait de champ de tir improvisé aux enfants du village. La présence de plusieurs générations de bâtisseurs, grand-père, père et fils qui ont contribué chacun à leur période à modeler ce lieu est aussi présente.

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Que suis-je venu chercher au juste en cette soirée ? Une autre vision de mon atelier, comprendre l’aboutissement d’un rêve, dialoguer avec mes œuvres ? Ce qui en ressort, jamais je n’aurais imaginé que ce lieu est une œuvre d’art en tant que telle. Une belle rénovation oui, une œuvre d’art, non ! Il suffit pour cela de lever la tête. La verrière, c’est en fait une immense toile ondulée de 1,5X6 M bleutée, un bleu qui n’est ni celui de Klein, ni celui de Asse, un bleu doux, presque transparent, fugace. Cette toile est bien sûr éphémère, elle n’existe que le temps de l’heure bleue avant de devenir un terrain de jeu pour l’ultra noir de la nuit, de Soulages, sous réserve que les étoiles ne viennent pas gâcher la composition. Chaque poutre, chaque ampoule devient un élément d’un tableau abstrait. La temporalité est bouleversée. Les tableaux et sculptures se sont effacés au profit du lieu tout simplement. Seul existe le volume et la verrière comme pour rappeler que l’architecture est le premier des arts. Pas besoin d’allumer une torche électrique et d’embraser les œuvres, la beauté et la magie cette nuit étaient ailleurs.

RETOUR SUR LES PORTES OUVERTES DES 26 ET 27 AVRIL 2025

Pour la première fois, Le Passage des Rêves accueillait une artiste extérieure Catherine MARZACK. Elle réalise des aquerelles abstraites très "organiques" et colorées auxquelles elle ajoute de façon spontanée des dessins. Cette volonté d'associer divers techniques se retrouve dans ses tissages dans lesquels peuvent être accrochées des perles, des branches.

Le public, venu de Forges les Eaux, Gisors, Beauvais, Saint Paul, Gournay en Bray, Hanvoile, Saint just en Chaussée a été surpris et ravi de cette association entre deux artistes aux personnalités "poutant puissantes".

Mention spéciale pour Alaïs, une jeune femme partie de Dunkerque faire le tour du monde à pied et qui s'est arrêté quelques minutes à l'atelier. Une visiteuse, venue de Bézu La Forêt,  également nous a initié à la dégustation des plantes comestibles du jardin. Savez-vous que la feuille de l'épiaire une fois froissée entre les doigts dégage une odeur de pleurotte. On peut l'intégrer dans des omelettes. Il en est de même de l'aillière qui dégage une odeur d'ail, idéal pour intégrer dans des oeufs mimosas. L'élaeagnus, arbuste que l'on trouve dans les haies  produit dès fin avril des petits fruits orangés de la forme d'un ballon de rugby, commestible même s'il est un peu acide. Entrée plat, dessert... Cette même visiteuse en regardant certains tableaux faits en gouttière de zinc comme Falaises, Pêcheurs d'Islande, Mouettes à l'heure bleue ou Sortir de la grisaille, nous a rappelé que Bezu La Forêt , où coule La Lièvre était un lieu de traitement du zinc venu du nord de la France. 

Moment d'émotion également quand un autre visiteur après avoir regardé la série Composition florale faite en carreau de céramique industrielle des usines Boullenger, Colozier ou Damarquet, a sorti un catalogue datant du début du XXème siècle de la fabrique Colozier à Beauvais où avait travaillé son grand père. Il a raconté les conditions très difficiles de travail dans l'humidité et la chaleur et une opération de foulage de l'argile avec les pieds, chaussés toutefois de bottes. "On ne vivait pas bien vieux quand on travaillait dans ce type d'usine". Moment magique enfin  quand ce monsieur m'a donné un de ces carreaux qu'il avait dans son coffre avec un motif torsadé que les ouvriers entre eux appelaient "motif crotte de chien".

Le Passage des Rêves continue ainsi sont projet de devenir un lieu de rencontre artistique et d'échange de pratiques, un lieu aussi où l'on dépose des petits morceaux de ce patrimoine industriel local aujourd'hui presque disparu pour le faire revivre sous une forme artistique.

Petit portrait de Catherine-Huong MARZACK par elle-même


Artiste plasticienne formée à l’Ecole d’Art de Beauvais, sa curiosité et son cheminement d’exploratrice l’ont conduite à développer une pratique personnelle autour de médiums variés : matériaux souples ( broderie, tissage) et oeuvres sur
papier (peinture, dessin ).
Chaque oeuvre est le fruit d’un processus créatif profondément intuitif, ludique et souvent coloré, qui s’élabore progressivement dans un dialogue interactif entre formes, couleurs, matières d’où émerge une poétique de l’imaginaire, du monde
intérieur, un voyage onirique à partager .
Pour ces portes ouvertes au Passage des rêves, je présente 13 tableaux dont quelques oeuvres oeuvres exposées pour la première fois.

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