Chroniques

 

 

 
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JOURNEES DES METIERS D'ART:

Pour la 18ème édition des Journées Européennes des Métiers d’Art, le public et les professionnels se rencontreront pour une semaine du 2 au 7 avril 2024, sous le signe de la transmission autour du thème « Sur le bout des doigts ».  Quand la main rencontre le passé et façonne le présent. Ouvrir toujours de nouvelles pistes, s'ouvrir à de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques, n'est ce pas la finalité des métiers d'art?

Installé en Pays de Bray, ma route devait forcément croiser celle des industriels de la céramique installés dans le Beauvaisis dont les plus connus sont Gréber, Boulenger, Colozier ou les fabriques situées à Ferrières en Bray. Cette rencontre s’est faite au printemps 2024 au travers de morceaux donnés par des passionnés à un moment où je préparais une exposition sur le thème de « Mémoire de la céramique » en septembre 2024 à Saint Germer de Fly dans l’Oise.

Né d'une volonté de faire émerger du sens à partir d'un présent recomposé, mon travail part d'anciens carreaux de parement, découpés dans des formes originales, dont j'assemble les fragments avec des tuiles plates du Pays de Bray. Ainsi de nouvelles œuvres d'art naissent de vestiges du passé, témoins des différentes strates créatives du génie humain sur un même territoire, avec le même matériau, à des époques différentes.

Il n’était pas question de découper des carreaux entiers, mais de redonner une nouvelle fois vie, selon la philosophie qui m’anime, à des morceaux cassés en les mélangeant avec des tuiles plates du Pays de Bray pour créer un contraste entre les motifs sophistiqués des carreaux architecturaux et le caractère brut des petites tuiles plates. Cette association crée quelque chose de nouveau et d’unique lié au passé et en même temps très contemporain.

Le tout compose ma série Le sacre du printemps car j’ai choisi de prendre plutôt des motifs floraux qui rappellent l’importance de la nature pour l’homme à l'heure du changement climatique. Ces motifs floraux tronçonnés, amputés, traduisent notre prise de conscience d'une nature mise à mal, tout comme les motifs floraux sur les carreaux de parement au cours de la seconde moitié du XIXème siècle traduisait un besoin de nature alors qu'on entrait de plein pied dans la société industrielle. Le Titre de la série Le sacre du printemps marque le retour de la nature au premier plan de nos préocupations et c'est tant mieux.

Ces carreaux architecturaux décoraient aussi bien les sols que les murs des maisons. Au XIXème et durant la première moitié du XXème siècle. La plus célèbre est la maison Boulenger à Auneuil, recouverte entièrement de carreaux de parements, qui servait de show room. Les carreaux utilisés pour le tableau ci-joint sont en partie des Colozier, carreaux de grès cérame fin à dessin incrusté et à vitrification complète. Ils ont été produits dans l’usine Saint Just des Marais à Beauvais entre 1907 et 1959.

Concernant plus spécifiquement les carreaux de grès, certaines terres ont la propriété selon leurs composants, de changer d’état à très haute température (environ 1300°C). Elles se vitrifient, s’imperméabilisent et deviennent extrêmement dures et solides ce qui en fait d'excellents matériaux pour les sols et décorer les murs y compris en extérieur.

 

Composition florale 2

34X47 cm

céramique architecturale/tuile/ardoise

mars 2024

 

PRINTEMPS DES POETES 2024

 

Petite contribution au Printemps des poètes qui se déroule cette année du 9 au 24 mars 2024 sur le thème "La grâce"

 

ETAT DE GRÂCE

 

Gracieuses virevoltes,

Graciles pirouettes,

Etat de grâce au coeur des éléments déchaînés.

Se jouer des vagues,

Rentrer dans la sarabande des fées.

Être avec les fées sur les rochers du Septentrion,

Être ici et vivre le moment  présent intensément.

Corps de  ballet des mouettes,

Dont Eole est le maître de ballet.

Brutale fulgurance d’un plongeon périlleux,

Sur fond de coucher de soleil.

Danser avec Eole,

Danser avec  l’écume,

Être le lien entre l’eau et l’air.

Des mouettes amoureuses et insouciantes,

Se défient à la cime des vagues,

Avant de se laisser porter par le vent dominant,

Face au soleil couchant,

Virgules blanches passant  devant le cercle incandescent.

Faire des grâces avec les vagues,

Avant de disparaître à l’horizon.

 

Hemka

 

Sunset

34X51 cm

tuile vernissée/céramique/tuile de faîtage/ardoise

mars 2024

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COUP DE FROID

 

Un froid de canard,

A ne pas mettre un héron dehors.

Un brusque coup de froid,

Au milieu du réchauffement climatique.

On avait oublié ce qu'était un hiver,

On en avait oublié ce qu'était un véritable hiver.

Le général hiver mène ses troupes à l'assaut,

Neige, givre, verglas, tous sont mobilisés.

Le froid sur la peau,

Piquant et vif jusqu'à l'intolérable,

Cette gangue de glace autour des branches devenues transparentes,

Ces stalactites qui n'obéïssent qu'à la loi de la gravité.

Des ailes alourdies de plumes de glace,

Qui ne servent ni à se réchauffer, ni à voler.

L'ordre de repli est arrivé trop tard.

Le bal des hérons s'est posé sur une patinoire.

Des corps pétrifés devenus morceaux de glace,

Un  vol figé dans le temps qui attend le dégel,

Pour migrer sous des horizons plus cléments.

Hemka

 

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NUITS DE LA LECTURE 2024

17 au 21 janvier 2024

Thème : Le Corps

Petite contribution avec 4 poèmes:

- Porteuse de vie

- Couple après l'amour

- La baigneuse en majesté

- Retour sur Terre

Textes lus à la bibliothèque Michel Bussi à Gournay en Bray le samedi 20 janvier à partir de 20H00

PORTEUSE DE VIE

 

Ce ventre rond attire ton regard oh toi visiteur

Il est mon corps, il m'envahit de bonheur

Je ne l'ai pas vu et pourtant je le sens

Je l'aime déjà plus que tout au monde

Il me déforme mais j'en suis fière

Bientôt naîtra un petit-être

Petit à petit il grandira

Mon ventre s'applatira à nouveau

Tu me regarderas alors non plus comme une mère

Mais comme une femme, belle et séduisante.

Hemka

 

Porteuse de vie

H : 27 cm

métal rouillé 

2022

La porteuse de vie
Couple après l'amour

COUPLE APRES L'AMOUR

 

Vous nous voyez!

Nous vous voyons aussi!

Qui est le plus voyeur des deux?

Vous êtes étonnés, surpris, saisis!

Parmi le chaos des matières,vous cherchez nos corps.

Nous sommes heureux, du moins on l'imagine...

Et vous, l'êtes-vous aussi?

Peut-être êtes-vous un peu géné,

De nous découvrir aussi impudique.

Laissez-nous vous raconter une histoire qui nous est arrivée.

Deux vieilles dames bien comme il faut,

Au bout d'un temps de réflexion devant nos émois,

Après avoir plusieurs fois regardé le cartel

Ont collé leur visage près de nos corps d'argile 

Avant d'éclater d'un rire franc et joyeux!

Un passé lointain ou pas si lointain qui sait,

Est revenu brusquement du fond de leur inconscient.

Analyser le regard plutôt que l'objet regardé,

Une nouvelle forme de relation psychanalitique à l'art.

Lacan aurait pris la pause, 

Comme devant Le Narcisse du Caravage.

C'est le regardeur qui fait l'oeuvre, dixit Marcel Duchamp.

L'artiste précède toujours le psychanaliste.

On ne le psychanalyse pas dans un musée mais sur un divan.

C'est votre inconscient que ce tableau interpelle,

Plus peut-être que l'expression de l'inconscient de l'artiste.

La question mérite d'être posée!

Allez, on vous aide !

Mais si, dans les triangles dressés,

Vous reconnaîtrez bien  une poitrine et des genoux.

Mais si, dans ces formes géométriques  posés apparemment sans logique,

Vous reconnaîtrez bien des jambes, des têtes et des bras

Et certainement aussi vous-même.

Heureux d'avoir échangé avec vous,

Heureux d'avoir permis à votre inconscient refoulé,

De remonter un moment à la surface.

Avouez-le, notre confrontation fut intéressante!

(Hemka)

 

Couple après l'amour

23X32cm

tuile/ardoise

2020

 

BAIGNEUSE EN MAJESTE

 

Belle et élancée,

Timide et impudique à la fois,

Libre dans son corps,

Sous l'oeil de Pierre Bonnard,

La baigneuse en majesté.

Un corps d"ébène pour unique armure,

Un corps d'ébène pour unique parure.

Gracile, elle s'offre à notre regard.

Aucun tabou,

Juste la conscience aigue,

D'être femme et désirable.

(Hemka)

Le bain

H : 12cm

métal/zinc/bois/bille d'argile

2020

 

la baigneuse
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RETOUR SUR TERRE

 

Les étoiles pleins les yeux

Les corps encore vibrant

Envahis de plaisir

Les corps enlacés

La nuit pour nous...

Et puis la désagréable sonnerie du réveil,

Les draps froissés et moites

L'urgence de retrouver ses habits dispersés

L'urgence d'aller travailler

La peur d'arriver en retard

Déjà à nouveau dans sa bulle solitaire

Plonger dans la jungle quotidienne

Replonger dans la banalité

Dur retour sur Terre...

Hemka

Retour sur Terre

H : 32cm

métal/bois

2023

 

Exposition « Espace partagé » à l'abbaye de Fontaine Guérard du 21 juillet au 16 août 2023

Vous avez raté l'exposition. Vous étiez en vacances. C'est pas grave. Retrouvez l'essentiel de l'exposition.

Les jardins de l’abbaye de Fontaine Guérard s’ouvraient pour la première fois à une exposition de sculpture en extérieur. Marc KRASKOWSKI a fait le choix d’une implantation et d’une coexistence toute en douceur et en harmonie qui prennent compte de l’histoire des lieux, de la nature des trois jardins et du parc. Un parcours de sculptures qui vous conduira vers le jardin des méditations et sa sculpture, Les yeux dans les yeux, réponse à la proposition de Socrate « Connais-toi toi-même ».

Il présente 12 sculptures, 12 comme le nombre d’apôtres, réalisées en brique, tuile, métal ou ardoise, ses matériaux de prédilection. C’est la première fois que cet ensemble est présenté dans son intégralité, Certaines de ces sculptures ont déjà été exposées l’an dernier dans un jardin remarquable à Luçy près de Neufchatel en Seine-Maritime. C’est la seconde fois que Marc KRASKOWSKI expose dans une abbaye après celle de Valasse dans le cadre de la manifestation Recup’Art en 2017.

S'il n'a pas créé d'oeuvres spécifique pour cette exposition, le parcours, conçu lors des trois jours d'installation, constitue en soi une performance, une installation ou chaque sculpture à trouvé sa place.

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Héron - 50X40X70 cm - ardoise/brique/métal

 

A proximité de la source ayant des qualités thérapeuthiques pour les maladies de peau:

Le bal des hérons

Inspiré de la volière géante du parc de Marquenterre dans laSomme, ces hérons, au nombre de cinq sont réalisés en brique, ardoise et métal . Ils semblent se jouer des  éléments. Ils représentent aussi la liberté à laquelle les religieux renoncent en entrant dans les ordres.

 

 

Dans l'église :

Les vigies du temps

Personnage sen brique, juchés sur des poteaux d'ardoise,ils accueillent àl a fois les visiteurs et semblent prêts à participer aux vêpres. Ils symbolisent le recueillement .

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Harmonique

Sculpture en brique et métal, elle évoque des orgues et plusgénéralement la musique et les chants religieux qui impreignent encore les murs. Fermez les yeux et entendez les psaumes qui montent vers lesommet dela nef et le claquement des sandales des moines. Cette sculpture est placée dans une niche à gauche de la porte des morts. Elle est aussi dans l'alignement de la porte et de l'escalier qui donne sur l'emplacement du cloître.

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Ebauche d'un nouveau monde

Sculpture en brique et métal. Le couple à peine ébauché, rend hommage à Rodin qui utilisait cette technique. Elle fait aussi référence à Adam et Eve. Réalisée lors du confinement, les personnages portaient initialement un masque effacé à la fin du confinement. Il en substitue encore quelques traces. Elle cherchait à s'interroger sur ce que serait les rapports humains et amoureux avec ces nouvelles règles sanitaires. Cette sculpture évoque enfin la règle du silence des ordres religieux et se trouve au fond de la nef.

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Devant l'église :

Les deux amants

Sculpture réalisée en briques ajourées Evocation  d'une des légendes fondatrices de l'abbaye, celle de deux arbres enlacés qui ont grandi ensemble. L'un est désormais mort, mais reste au delà de la mort encore uni à l'autre arbre.

 

Dans le parloir:

Le temps suspendu

Sculpture en métal, zinc et bille d'argile.Evocation du début du premier confinement où tout s'était arrêté brutalement,suspendu aux décisions des dirigeants. Les personnages en zinc ont la forme des masquesen tissu faits dans l'urgence. Sur certains, des personnages masqués apparaissent et nous fixent de leurs yeux. Cette sculpture rend compte aussi de l'ambiance de ces couvents et abbayes. Le temps n'avait plus d'importance ni de prise.

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Autour du jardin des simples :

Trilogie

 

Sculpture réalisée en tuile plate du pays de Bray, métal et bois. Evocation des silhouettes des religieux, de la Sainte Trinité ou plus simplement de la famille. La couleur des tuiles est ravivée avec de l'huile de lin.

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Les quatre saisons

 

Sculpture réalisée  en ardoise et métal. Evocation des quatre saisons; dans l'ordre l'automne avec la pluie, l'hiver avec les persiennes fermées, le printemps avec la pousse des plantes et l'été avec le soleil raoyonnant. Sculpture qui rappelle aussi que les religieux vivaient au rythme des saisons dans ce jardin des simples en communion avec la nature.

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Paravent

 

Sculpture réalisée en tuile plate et arceaux métalliques. Evocation des arceaux des voûtes du cloître, de la vue decet extérieur intrerdit et des parchemins que recopiaient inlassablement les moines copistes dans les abbayes.

 

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Claustra

 

Sculpture réalisée en tuile et claustra pour balcon de terrasse.L'artiste a voulu alterner ces zones de vides et de pleins qui permettent de voir de l'autre côté  à travers les interstices. Derrière la toponymie de claustra,il y a aussi la notion d'enfermement  que les religieuxc hoisissent de leur plein gré. Certains enfin y verront des formes de poissons qui renvoie au Christ ou de bouteilles de vin qui renvoie àl'Eucharistie.

 

Dans le jardin des méditations

Les yeux dans les yeux

Sculpture faite en verre, métal et bois. Cette sculpture invite chacun à une introspection. Nous sommes multiples comme les quatre yeux  qui nous regardent et qu'on regarde. C'est aussi une invitation à s'asseoir  sur le banc situé au fond du jardin et à méditer quelques instants, quelques instants qu'on s'accorde, avec peut-être le début d'une réponse sur ce qu'on est venu chercher à travers cette déambulation. Cette sculpture ente également en résonnance avec les arches gothiques du jardin de la quintessence. Elle a été réalisée elle aussi durant le confinement au moment où l'on ne percevait l'autre qu'à travers son regard.

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La Terre en colère

LA TERRE EN COLERE

L’idée de l’installation « La Terre en colère » m’est venue suite à la visite de l’église Notre-Dame à La Chapelle sous Gerberoy (60) l’an dernier dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. Cet espace méritait d’accueillir une installation entrant en symbiose avec le caractère spirituel du lieu. Cela m’a paru comme une évidence.

Avec l’appui de la municipalité et le don de matériaux par l’entreprise de fabrication de tuiles EDILIANS, le projet de  La Terre en colère est né bien avant les catastrophes  naturelles que nous avons connu cet été ; canicule, incendies, sécheresse, inondations.

Cette œuvre tentaculaire, mi pieuvre, mi coulée de lave, mi minérale mi animale renvoie aux monstres des tableaux de Jérôme Bosch. Cette installation protéiforme, cherche à rappeler que le destin de tout ce qui existe sur Terre peut basculer à tout moment. Un cataclysme peut rendre stérile une Terre féconde telle la coulée de lave qui balaie tout sur son passage. Peut-être est-il encore temps de réagir aux conséquences  de nos modes de vie actuels?

La Terre en colère est fabriquée uniquement avec des matériaux de la région. La souche vient du bois de Caumont, les tuiles de saint Germer de Fly. C’est donc aussi une installation éco responsable avec un bilan carbone quasiment égal à 0.

La Terre en colère utilise enfin et fait référence à une pratique agricole locale, le broyat composé de tuiles concassées, utilisées  pour combler les chemins creux et faciliter le travail des tracteurs.

Une fois installée, cette installation prend encore un autre sens. Elle fait penser à un arbre qui a poussé au mileu de l'église, face à l'autel et dont il ne reste que la souche et les racines monstrueuses.

La Terre en colère devrait être exposée l’été prochain dans la salle capitulaire de l’abbaye cistercienne de Fontaine Guérard dans l’Eure à l’occasion d’une exposition sur Les arbres.

 

 

Sales bêtes, bêtes étranges ...

 

Mon travail en 2014, tout en continuant à mettre en valeur des matériaux anciens que sont la tuile, l’ardoise et la brique, s’est orienté sur ces animaux qui nous font intrinsèquement peur, frissonner ou nous faire perdre notre sang froid. Etrange, difforme venimeux, ils ont tout pour nous faire reculer, fuir et hanter nos cauchemars. Je veux parler des araignées, salamandres et autres méduses.

 Méduses - installation suspendue

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Salamandre - L : 50 cm     

 

Araignée soloEt pourtant, ils méritent qu’on s’intéresse à eux au niveau artistique  parce qu’ils matérialisent nos peurs. Vaincre ces peurs contribue à mieux se connaître. Mon approche se veut « dédiabolisante »  et ludique  à la fois. Comment essayer de  rendre sympathique ces « sales bêtes » ? D’abord en tout premier lieu, j’ai cherché à casser les stéréotypes, en leur donnant des couleurs décalées par rapport à la réalité. Je les ai ensuite « mis en situation » suspendu à un fil comme flottant dans les airs ou entre deux eaux.  Ainsi sont nées mes méduses et les araignées. L’association d’objet usuels de tous les jours, poterie, brique, écumoire, corde à sécher le linge, finit par nous les rendre familiers. Combien d’enfants et leurs parents avec eux lors d’expositions ont été fascinés par la danse collective et coloré de ces mobiles bercés par le vent. La peur est oubliée.

La preuve est faite qu’en changeant de contexte, celui qui fait peur peut être regardé autrement. J’ai vu dans mon jardin, de vraies araignées, filer leur toile entre mes installations d’araignée suspendues. J’ai même vu des mouches en faire leur zone de jeu de prédilection !

 

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Salamandre

Le côté ludique de la salamandre est à chercher ailleurs. Ne ressemble-t-elle pas à un immense rubiscube qu’on voudrait tourner dans tous les sens ou à un puzzle dont on voudrait compter le nombre de pièces sans se tromper ?

 

L’inquiétant n’est toutefois jamais loin. Ne paraît-elle pas tapie, prête à bondir sur sa proie ? Sa couleur n’est pas non plus anodine. C’est  celle  de la terre et elle nous rappelle aussi que le danger peut être partout autour de nous et qu’il peut prendre milles facettes, autant que de morceaux de tuiles qui constituent sa carapace.

 

La légende veut que la salamandre vive dans le feu. Celle-ci a  peut être hanté le foyer qui a servi à cuire ces petites tuiles du Pays de Bray qui désormais l’habillent.

 

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Méduses, araignées et salamandres pourraient bientôt être rejointes par des scorpions, des hippocampes, autant d’animaux qu’on qualifie de « sales bêtes » au pire, « d’étranges » au mieux, mais qui vivent qu’on le veuille ou non à nos côtés et constituent des mondes parallèles au nôtre…

 

 

Le Cycle de l'Arbre - 29/04/2020

 

Ce projet du « Cycle de l’arbre » qui comprend en tout sept tableaux et deux sculptures est parti d’une double rencontre : un morceau de fer rouillé ramassé dans mon jardin, véritable dentelle de rouille, et un vieux placard métallique récupéré au milieu d’une pâture non loin de chez moi, tout aussi rongé par la rouille.

Au sommet de la colline

« Au sommet de la colline » 30x38 cm Tuile tôle rouillée ardoise bois

L’idée a été alors de représenter à peu près la même silhouette mais de faire varier les fonds pour raconter des histoires différentes ; celle de l’arbre de l’oubli autour duquel les noirs amenés en esclavage devaient tourner neuf fois pour oublier la terre des ancêtres, celle de ces arbres calcinés suite aux gigantesques incendies en Australie l’automne dernier, celle au contraire apaisante de nos petits matins de brume en Picardie, des paysages tout en douceur de Toscane ou de Provence.

Figuier au milieu d'un champ de lavande

« Figuier au milieu d’un champ de lavande » 33x35 cm Terre cuite tôle rouillée bois ardoise

Arbre calciné

« Arbre calciné » 45x35 cm Tuile bois tôle rouillée ardoise

Toscane

« Toscane » 25x32 cm Tuile bois tôle rouillée ardoise

 

Matin de brûme

« Matin de brume » 79x40 cm Acier tôle rouillée ardoise

Ces pièces devaient être présentées au château de Flesselle dans la Somme début mai 2020 lors d’une exposition collective sur le thème des arbres, déprogrammée suite à l’épidémie de COVID-19.

Le cycle de l'arbre

« Cycle de l’arbre » h : 40 cm Tôle rouillée bois

Fondaison

« Frondaison » h : 35 cm Tôle rouillée bois

 

 

Je poursuis le thème de l’arbre, symbole de l’enracinement et du lien entre l’homme et la nature, avec une nouvelle série en préparation sur le thème des lisières de bois :

Lisière

Lisière 16x34 cm Ardoise carreau

 

Brêves de Galerie

 

Brèves de galerie, qui aurait pu aussi s’appeler « Dialogues autour d’une exposition », est une compilation de réflexions et de paroles  de visiteurs, parfois amusantes, parfois vachardes, collationnées durant près de 10 ans à arpenter petits salons et expositions d’amateurs. Elles sont toutes authentiques. Elles abordent de façon humoristique tous les aspects de la création sous différentes facettes, qu’il s’agisse des affres de la création, du besoin de reconnaissance ou de la relation entre l’art et l’argent.

 

A travers ces remarques, on n’est jamais loin de l’absurde de Dubillard et de ses Diablogues ou au contraire du bon sens d’Henri Cueco et de son Dialogue avec mon jardinier.

Ce sont des tranches de vie ou des portraits en accéléré résumés en deux ou trois phrases. Elles traduisent la spontanéité de gens qui viennent tels qu’ils sont et qui s’expriment en toute liberté face à une création artistique. Par la critique,  l’humour voir le désintérêt chacun entre « en réaction » face à l’œuvre. C’est cette « réaction » qu’il est intéressant d’entendre et de traduire.

 Sans le savoir, bon nombre de ces visiteurs m’ont gratifié d’une pépite que je me dépêchais de noter. Ce fut d’abord un passe temps puis un travail littéraire qui a abouti à un recueil d’une cinquantaine de citations.

Ce travail d’écriture a donné naissance ensuite à une autre envie, celle de redonner la parole à ces visiteurs d’un jour et de les exposer à leur tour. Ce sont ces citations que j’ai eu envie d’intégrer dans une installation « littéraire » composée de briques, un des matériaux que j’utilise communément dans ma création artistique, juchées sur des plots métalliques ou en bois.

Brèves de galerie est donc avant tout un travail d’écriture, qu’on pourrait imaginer joué sur scène, que j’ai décliné en installation réalisée en avril 2013.

Le but de celle-ci est de faire d’un jugement exprimé sur une création artistique, une nouvelle création artistique, susceptible de générer ses propres commentaires.

Artistes ou visiteurs, je parie que vous avez déjà entendu ou prononcé quelques unes de ces phrases…

 

 Bonne lecture